GUILLAUME CHIRON
du 10 septembre au 9 octobre 2016

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Quel est le point commun entre une scie, une église, des vestiges grecs, une mouche, un pansement, un paysage montagneux et Mac Gyver ?
Guillaume Chiron.

C’est avec beaucoup de patience et de pertinence que cet artiste entreprend un travail prolifique qui prend ici la forme de collages ou de peintures. Guillaume ne fait jamais les choses à moitié. Ceci explique peut-être son inavouable don pour la mémorisation des chansons à texte (par milliers), de tout temps et de toutes origines.Dans l’un ou l’autre medium, les références cinématographiques et télévisées sont à l’honneur et font écho aux vidéos qui ont fait la singularité du groupe Microfilm dans lequel il officiait. La pochette de l’ultime opus, AF127, que Guillaume a conçue, signait ironiquement son retour vers une autre aventure : celle du collage.

Nous sommes en 2012. Guillaume déniche à l’étage d’une maison en perdition qu’il s’apprête à redresser, une collection de Playboy. Ce trésor trouve grâce à ses yeux et relance instantanément une vielle passion mise de côté. Depuis il passe des heures à assembler des morceaux choisis pour donner une seconde vie, une seconde peau à ces images juxtaposées.Les collages puisent leur force dans le choix de la réalisation, façonnés avec peu d’éléments, ils sont le plus souvent issus de la confrontation de deux images réunies par un habile jeu d’échelle dans lequel l’humain, très présent, y est tour à tour gargantuesque ou miniature.

La réalisation technique se veut invisible et rend la supercherie encore plus réaliste. Loin de l’abstraction et du hasard, les collages sont ingénieusement classés, presque inventoriés dans un premier recueil intitulé Mangez la Banane Parlez Debout.Côté peinture, la galerie de portraits le définit tout autant qu’elle le décrit et marque une époque, un style de vie ou des affinités pour de kitchissimes séries B. L’insertion de visages oubliés crée le trouble dans ce jeu de fouille qu’un site comme Saywho serait bien en mal de distinguer.Dans cet univers microfictionnel qui se frotte néanmoins à l’actualité, il ne serait pas étonnant de voir un jour tomber de la neige en été.

Elsa Bourgain